Réinventé par la metteuse en scène Jeanne Desoubeaux dans une transposition audacieuse, l’Orphée et Eurydice de Gluck n’a jamais été aussi actuel et vivant. Un pur moment de grâce, à mi-chemin entre chanson, art lyrique et plaisir théâtral.
Affronter les Enfers pour arracher à la mort celle que l’on aime, et en un seul regard la perdre à nouveau pour toujours : dans sa concision vertigineuse, le mythe d’Orphée mis en musique par Gluck a la puissance intemporelle des chefs-d’œuvre. La metteuse en scène Jeanne Desoubeaux en propose une lecture inventive qui inscrit cette histoire d’amour et de deuil au cœur de notre présent. Allégée, la partition du compositeur devient le fil conducteur d’un spectacle mêlant avec fluidité chansons pop et airs lyriques. En lieu et place de l’orchestre, ses quatre chanteurs-acteurs-musiciens s’accompagnent eux-mêmes au piano, au violoncelle, à la contrebasse ou au ukulélé. Quant au héros malheureux, il n’est plus interprété par une mezzo-soprano travestie en homme, mais par une comédienne tout simplement amoureuse d’une autre femme, Eurydice, que sa voix de soprano apparente au lointain royaume des morts. Cette version nous enchante par son imagination visuelle et sa délicatesse sensible.