Plus de soixante ans après sa parution, le récit d’Henri Alleg, adapté au théâtre, garde la force d’un réquisitoire implacable contre la guerre d’Algérie et tous les états tortionnaires. Seul en scène, éclatant de justesse, le comédien Stanislas Nordey porte ce récit essentiel.

Tout part d’une cellule. Celle de la prison de Barberousse dans laquelle fut détenu, pendant la guerre d’Algérie, le journaliste communiste Henri Alleg. Celle où il rédigea, sur des pages de cahier d’écolier transmises clandestinement à ses avocats, le manuscrit publié à Paris en 1958 qui donne son titre à la pièce. Au fil d’une narration clinique, le prisonnier y décrit les tortures infligées par les parachutistes, et l’absolu déni de justice dont il fut victime de la part de l’État français. Son but ? Témoigner des faits, sans laisser place à l’analyse psychologique, d’où la « sécheresse de procès-verbal » d’un texte à la précision terrifiante. Ne cherchant en rien à montrer ou illustrer ce que décrit l’auteur, la pièce se contente d’en faire entendre les mots. Mais le travail sur la lumière, le son, la scénographie épurée et l’interprétation impressionnante de Stanislas Nordey suffisent à donner à ce monologue, mis en scène par Laurent Meininger, un pouvoir d’évocation saisissant.

D’après l’oeuvre de Henri Alleg Mise en scène Laurent Meininger Avec Stanislas Nordey

Nordey est l’homme de la situation. Précis, sec, presque brutal dans son refus du pathos, il est la voix et le visage d’Henri Alleg.

LE MONDE

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