La décomposition d’une famille confrontée à la ruine. Dans le respect du texte et avec énergie, le collectif anversois tg STAN signe de ce classique de Tchekhov une version sur le vif, qui semble s’inventer sous nos yeux.

Au moment d’écrire La Cerisaie, Tchekhov annonçait à ses correspondants une pièce « très drôle, du moins dans l’approche ». Loin des mises en scène mélancoliques, les Belges de tg STAN, familiers du maître russe, font de leur adaptation un concentré de vitalité loufoque. Au milieu d’un bric-à-brac de chaises, de tables et de panneaux mobiles, sans cesse les corps s’agitent, les cœurs s’échauffent, l’ironie triomphe.
Le retour de l’aristocratique Lioubov Andreevna (Jolente De Keersmaeker) dans sa maison de famille sur le point d’être vendue à l’ex-paysan Lopakhine, reconverti en riche négociant, signe l’adieu au passé. Pourtant, ce monde sur le point d’être englouti par l’Histoire prend ici une légèreté inattendue et turbulente. Les acteurs donnent à leurs personnages un naturel confondant, n’hésitant pas à prendre à témoin le public pour commenter avec humour les changements à vue de costumes ou de décor. Faisant de ce monument du répertoire une « drôle » de comédie, comme le souhaitait son auteur.

Texte Anton Tchekhov De et avec Evgenia Brendes, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker, Lukas De Wolf, Evelien Bosmans, Bert Haelvoet, Minke Kruyver, Scarlet Tummers, Stijn Van Opstal

La Cerisaie vue par le collectif tg STAN n’enferme dans aucune nostalgie, mais parle de chacun d’entre nous, au présent.

Libération

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