Un vieil usurier cupide se met en tête d’épouser une jeunesse, ses enfants ne songent qu’à le duper. Dans une nouvelle mise en scène de Benoît Lambert, la comédie cruelle créée il y a plus de trois siècles par Molière se révèle dans toute son acuité.
Nul besoin de forcer le trait, ni de vouloir l’actualiser à tout prix. Pour Benoît Lambert, monter Molière offre précisément le plaisir de l’ailleurs et de l’autrefois. Cet Avare, avec lequel il a inauguré son mandat à la tête de la Comédie de Saint-Etienne, en fait la démonstration éclatante. Un décor de tréteaux et de cordes figurant un intérieur délabré, une troupe ardente de comédiens en costumes et une mise en scène épurée, suffisent à restituer dans sa complexité drolatique cette impeccable « machine à quiproquos ».
La pièce reflète les enjeux de son époque : Harpagon, dominé par ses propres démons, est le représentant moqué d’une classe bourgeoise alors en pleine ascension. Mais c’est aussi un père vieillissant, au pouvoir menacé et finalement renversé par les jeunes générations. Si les modalités en ont changé, ce conflit-là, en revanche, est intemporel.