Revisiter un rite funéraire ancestral pour mieux célébrer la vie. Triomphe du dernier festival d’Avignon, Lamenta est une traversée initiatique au souffle libérateur.
Dans l’Épire, au nord de la Grèce, lorsqu’un être cher s’en va ou meurt, on pratique le miroloi. Ces chants populaires très anciens par lesquels le corps exprime et surmonte le sentiment de perte, sont à l’origine de la pièce de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero. Restitués puis ré-arrangés par des musiciens talentueux (Magik Malik entre autres), ils constituent le terreau émotionnel sur lequel neuf interprètes grecs explorent les états de deuil. Issus de différents courants contemporains, ils puisent ensemble à l’énergie des danses traditionnelles et questionnent, avec les codes d’aujourd’hui, cette tradition séculaire.
Réinventant l’ivresse de la transe et la fascination du cercle, les deux chorégraphes belges offrent à nos sociétés déritualisées une danse viscérale, salvatrice, qui transforme la douleur en une consolante pulsion de vie.