Coup de poing émotionnel et message politique, cette « prière de Belfast », créée en 2018, présente une vision de la société irlandaise viscérale et expressive. L’irruption d’Oona Doherty dans la danse contemporaine est une révélation.
Si l’on doutait un instant que la danse puisse tout dire, même la réalité humaine la plus complexe, il suffirait pour s’en convaincre de voir ce spectacle. Née à Londres mais ayant grandi à Belfast, Oona Doherty puise dans le quotidien des habitants de la capitale nord-irlandaise la matière d’un travail chorégraphique extraordinaire, présenté en quatre tableaux percutants. La performance inaugurale donne le ton : tandis que la bande son, tricotée avec David Holmes, alterne musique sacrée, bruits de rue et bouts de dialogue, où s’expriment tous les stéréotypes de classe et de genre, le corps du danseur Ryan O’Neill se fait le vecteur de la violence mais aussi de la douceur (« hard to be soft » !) sous-tendant les rapports sociaux. À ce tour de force succède un haka 100% féminin, Sugar Army, qui sera interprété par de jeunes danseuses de la Hip Hop New School. Un duo d’hommes, Meat Kaléidoscope, s’intercale ensuite, avant le solo final, Helium. Sans que jamais ne faiblisse l’intensité de la danse.