Éditorial

L’Histoire, celle qui nous conduit vers des pentes que nous ne voulons pas, réapparaît face à nous. L’Histoire est aussi ce qui nous manque, à force de ne pas bien savoir nous souvenir, de mal comprendre, de perdre de vue la beauté des paysages et des usages, la force vivifiante des témoignages et des traces laissées.

Peur du déclin, ressentiments, conflits, nature meurtrie : alors à quoi bon les spectacles ? Précisément, pour nous réinventer. La scène ou la piste sont des aires de jeu pour nos imaginaires, pour revisiter nos récits, faire apparaître de nouveaux points de vue, produire de nouvelles envies. Espaces délimités, scène et piste se mettent à l’épreuve de nos émotions rassemblées pour fabriquer de l’infini. Comme dans un alambic qui mêle idées et sensations, les musiques y imposent leur marque, la beauté plastique sa propre lumière ; le pouvoir des corps en mouvement y fait basculer le sens des mots. La création est un bienfait pour nos chagrins, c’est un geste d’espoir.

L’Histoire, comme lors d’une fête, un bruit d’orage en plein été. Le Théâtre est un doux abri. Nous vous y attendons.

Vincent Léandri