Bousculer les classiques, c’est les arpenter au présent. Après King Lear Syndrome la saison passée, la metteuse en scène Elsa Granat revisite l’une des pierres angulaires de notre imaginaire collectif, Roméo et Juliette de William Shakespeare. Et si les amants de Vérone se rebellaient contre la fatalité ?
Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Juliette Capulet. 18 ans ça se fête. Les vieux s’affairent pour préparer l’évènement. Même le clan d’en face, les Montaigu sont de la partie. Les ados se sont réfugiés dans un vestiaire de la salle des fêtes, ils ne veulent pas participer à ce cirque…
Triant, démontant et reconstruisant le mythe, les Grands sensibles d’Elsa Granat questionnent l’ambivalence des relations familiales et inscrivent le drame amoureux dans une crise civilisationnelle. Puisque leur culture de la haine a provoqué la mort des deux adolescents, il revient désormais aux adultes de changer. Dans un renversement symbolique de l’ordre générationnel, ce sont les enfants qui se chargent de rééduquer leurs propres parents. Inventer un nouveau vivre ensemble, réparer un monde abîmé, passe par un apprentissage sensible, que la troupe met en pratique durant le spectacle. L’émotion et la générosité s’entremêlent.