Mathieu Létuvé incarne la parole et la langue magnifiques de Joseph Ponthus, devenu un ouvrier intérimaire dans des conserveries de poissons et des abattoirs, près de Lorient, après une formation littéraire et un parcours de travailleur social.

Tenir sa ligne, coûte que coûte, c’est ce qui donne son rythme au livre qui compte parmi les révélations de ces dernières années. Mathieu Létuvé nous immerge avec réalisme dans le quotidien des travailleurs de l’industrie agroalimentaire bretonne, à la découverte d’une vie ouvrière tour à tour distanciée, coléreuse, drôle et fraternelle. Il inventorie avec précision le contexte et les gestes du labeur harassant, les horaires décalés et les rêves confisqués. Les crevettes défilent, les bulots, les poissons panés… Ce qui le sauve : l’humour, la parole solidaire, la femme aimée, les chansons, le goût des textes et l’écriture. Pour figurer l’usine sur scène, quelques bacs sur roulettes et une lumière graphique. La poésie de Ponthus résonne, enragée, magnifique, rythmée par la partition électro d’Olivier Antoncic, en fond de scène derrière ses platines. Accompagné à la mise en scène par David Gauchard, Mathieu Letuvé porte avec ardeur un texte puissant.

D’après À la ligne – Feuillets d’usine de Joseph Ponthus Adaptation, mise en scène et interprétation Mathieu Létuvé Collaboration artistique David Gauchard Création et musique live électro Olivier Antoncic

Les élans, les moments d’exaltation, les rages, les cris du cœur de Ponthus, tout cela en ressort magnifié. C’est drôle. C’est bouleversant.

LE CANARD ENCHAÎNÉ

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